lundi 26 juillet 2021
Georges Goda, le baryton seneffois qui eut le bon goût de naître à Courcelles.
Le ténor seneffois Georges Goda est né à la rue de La Ferté à Courcelles-Motte en 1911.
Plus
précisément, le petit Georges est né "à domicile". C'est-à-dire dans le
logement de fonction octroyé à son père qui est le pontonnier du Pont
de La Ferté de Courcelles.
Courcelles : Pont et rue de La Ferté vers 1911 (Collection Luc Heuchon) |
Georges Goda dans le rôle Pippo (1942) - Photo Jean Werres (Collection Luc Heuchon)
Le
28 octobre 1912 sonne l'arrivée du petit frère de Georges. Le
nouveau-né se prénomme Victor. Celui-ci décédera le 22 août 1932.
Le petit Georges fait "ses primaires" dans l'enseignement libre seneffois à l’École Saint-Joseph. Doué pour le chant, il intègre donc naturellement la chorale de l'église paroissiale.
A l'occasion de l'inauguration du monument aux morts (1) érigé en mémoire des soldats seneffois morts pour la Patrie, Éloi Pèlerin, chef de la fanfare catholique, lui confie le soin de chanter "Cocorico", un chant patriotique.
Lors d'un entretien, Georges Goda semble avoir indiqué qu'après ses primaires, il aurait été inscrit à l’École normale de Nivelles. Cela nous paraît peu vraisemblable d'être inscrit à l’École normale sans être passé par la case "études secondaires".
Cependant, il ne poursuit pas dans cette voie et devient employé de banque à l'agence louviéroise de la Banque Générale du Centre. Mais, Georges fait fi des cours de comptabilité et prend, en lieu et place, des cours de musique à l'Académie de La Louvière.
Après un an et demi, il en sort nanti d'une Médaille d'or de Chant. Nous sommes en 1929. Deux ans plus tard, Georges Goda est appelé sous les drapeaux. Ensuite, c'est le Conservatoire de Bruxelles où, Georges Goda suit les cours de chant, de diction et d'art dramatique. En 1935, il quitte le Conservatoire avec un Premier Prix de Chant avec distinction en poche.
A partir de cette année, il entame une carrière lyrique partagée entre les opéras et les opérettes à une époque où, l'opérette est considérée par beaucoup de chanteuses et chanteurs lyriques comme un art mineur.
A l'origine baryton, Georges terminera sa carrière en qualité de "Grand premier comique".
Georges
Goda débute réellement sa carrière en 1937 en participant à la création
de l'opérette "L'Auberge du Cheval blanc" au "Variétés-Palace" de
Charleroi dans le rôle de... ??? Une source non vérifiée indique qu'il
en serait le metteur en scène.
Ensuite, le directeur du "Variétés-Palace" Gustave Bernard lui demande à l'impromptu de tenir et de chanter les rôles de "Jack" et de "L'Ombre rouge" dans l'opérette "Le Chant du Désert", opérette traduite de l'anglais. En effet, le baryton titulaire du rôle André Goavec s'est désisté en dernière minute. Le rôle de "L'Ombre rouge" lui collera à la peau et restera pour lui un rôle fétiche.
En cette saison 1937-1938, notre baryton reste au"Variétés-Palace" où, il tient le rôle du Baron Hector de Garenne dans l'opérette "La Reine du Film".
Programme "Variétés-Palace" (Charleroi)- Saison 1937-38 (Coll. L. Heuchon)
Cependant, notre baryton chante également en France. C'est ainsi qu'un journal roubaisien publie un article concernant la représentation de "L'Auberge du Cheval blanc" à l'Hypporome-Théâtre de Roubaix le 31 octobre 36 [sic]. L'auteur écrit en substance : :
"Un nombreux public a accueilli cette œuvre exquise dans un débordement de bravos s'adressent tant aux artistes qu'aux décors, aux girls et aux musiciens dont le nombre avait été renforcé pour la circonstance. Pour être Impartial, nous devrions citer toute la troupe dont nous extrayons surtout M. Henrotte.bien dans son rôle de Léopold » ; M. Goda, a la voix bien timbrée, qui est un parfait "Guy Florès » ; Mmes Daisy, grave, exquise "Josépha" et Irma Liedts, gracieuse "Sylvabelle » : M. Tony (Célestin) et Mlle Decondé (Clara), se tirent très bien de leur rôle un peu spécial, et M Carpigny dans "Bistague », est marseillais à souhait. Signalons enfin les danseurs tyroliens et les Vandeer Girls et les douze Boys."
Venons-en à la période dite "La drôle de guerre" (03/09/1939-10/05/1940). En cette période pleine d'incertitude, la Belgique à l'instar de la France et de l'Angleterre a mobilisé ses troupes face à l'Allemagne nazie.
C'est au début de cette période qu'est créé l'Orchestre de Jazz de la Reine Élisabeth sous la direction du jazzman Fud Candrix, célèbre chef d'orchestre de jazz. Georges Goda intègre l'orchestre comme chanteur et se produit avec lui pour distraire les troupes mobilisées. Mais, nous devons également à l'orchestre un enregistrement en 78 tours intitulé "Vers l'Avenir" et interprété par Georges Goda.
En
1940, la Belgique est envahie par les troupes de l'Allemagne nazie.
Mobilisés, Georges Goda et quelques autres décident de quitter Bruxelles
et de rejoindre le quartier général des forces belges à Limoges. Mais,
arrivés à Poperinge, les allemands s'y trouvaient déjà et nos vaillants
soldats durent faire demi-tour. Peu de temps après, Georges Goda appren
que les allemands ont l'intention de l'envoyer dans un camp de
prisonniers à Uhlm. Il prend la fuite et se réfugie chez des amis à
Laeken qui lui offrent un abri et des vêtements civils. Par après, les
choses se tassent et Georges reprend le cours d'une vie normale.
L'occupation allemande ne met pas un frein à sa carrière car, il a la chance de pouvoir se produire sur les scènes belges.
Preuve en est que du 14 au 26 septembre 40, il chante dans l'opéra-comique de Maurice Ordonneau pour le livret et de Louis Ganz pour la musique au Théâtre Pathé Palace à Bruxelles. En 1943, Georges Goda tient le premier rôle dans l'opérette "Paganini" . Son épouse Lisette Ysaye y interprète le rôle de "Bella".
La
saison d'été 1945 bat son plein au "Théâtre royal de La Monnaie". Le
1er juin, "La Monnaie" présente à son public l'opéra "Le Soldat de
chocolat" d'Oscar Straus . Cette fois, Georges Goda partage la scène
avec notre grand ténor courcellois Marcel Claudel. Georges interprète le
rôle du Major Alexius Spiridoff et Marcel Claudel assume le rôle de
Burnell. L’œuvre sera jouée une deuxième fois le 8 juin 45.
Le 15 juin 1945, "La Fille du Tambour-Major" est à l'affiche du "Théâtre de la Monnaie". Georges Goda fait partie de la distribution. Mais, nous n'avons pas de précision quant à son rôle.
Toujours
à "La Monnaie", en date du 29 juin 45, il interprète le rôle du
Capitaine Capeck dans l'opéra "Victoria et son hussard". L'opéra sera
rejoué le 12 juillet 1945.
Mais, à partir du 27 juillet 45 et toujours à "La Monnaie", il participe à la création de l'opérette "La Dernière valse" du compositeur autrichien Oscar Straus. La direction d'orchestre est assumée par René Defossez. Georges Goda interprète le rôle du Comte Dimitri en alternance avec le baryton Andrien Francis. L'opérette sera jouée jusqu'au 9 août 45.
Le
1 juillet 1946, c'est la reprise de l'opérette "La Dernière valse" à
"La Monnaie". L’œuvre restera à l'affiche jusqu'au 15 juillet 46.
Georges Goda fait encore partie de la distribution en tant que Comte
Dimitri et il partage encore le rôle avec Adrien Francis.
En 1948, Georges Goda participe pour la deuxième fois avec la cantatrice Jane Francelle à l'opérette "La Chaste Suzanne" au "Variétés-Palace" de Charleroi.
Dans le courant de l'année 1951, Georges Goda en compagnie du ténor carolo Romano (Jacques Roman) arpente différentes scènes belges en chantant au public des extraits de "La Belle-Hélène" et des "Mousquetaires au Couvent".
Les jeudi 27 et dimanche 30 mars 1952, il est à l'affiche de l'opérette "Ciboulette" au "Théâtre de Mons". Georges Goda interprète le rôle de Duparquet.
Programme "Théâtre de Mons" - Saison 1951-52 (Coll. L. Heuchon)
A cette époque, Georges Goda ne vit plus à Seneffe depuis quelques années déjà. Mais, reste attaché à son "tayon". C'est pourquoi, alors qu'il est en tournée à Ostende, il y revient chanter à l'occasion de la consécration de l'église paroissiale restaurée. Nous sommes le 10 juillet 1955.
Les
16 et 17 novembre 1957, Georges Goda est à l'affiche de "Mam'zelle
Nitouche" au tout nouveau "Palais des Beaux-Arts de Charleroi "inauguré le 24 octobre 1957.
Maintenant, passons à l'année 1958, l'année de l'Exposition universelle de Bruxelles. Le 21 février, le "Palais des Beaux-Arts de Charleroi" propose à son public l'opérette de Francis Lopez "Andalousie" avec en tête d'affiche le célèbre ténor Rudy Hirigoyen. Le reste de la troupe est composé de chanteuses et chanteurs lyriques du cru cf. R. Dorzée, Jacqueline Robert, ..., Romano et ... Georges Goda. "Andalousie" sera également jouée les 22, 23, 28 février ainsi que le 1er mai 1958.
Pendant trois saisons (1960-61 à 1962-63), Georges Goda se produit avec la troupe lyrique du Théâtre de Liège. Il chante dans 14 opéras différents, s'occupe de la régie pour trois autres. Pour "Bocasse" (saison 1963/1964), il interprète le rôle de Riquiqui et assume la régie. Détail amusant, lors de la reprise de l'opéra "Les Saltimbanques" en 1962, Georges interprète "Monsieur Malicorne" et son épouse joue le rôle de "Madame Malicorne". L’œuvre sera jouée les 3, 4 et 8 novembre 1962 dans une mise en scène de René Tobelli.
Lisette Ysaye - Théâtre de Liège 04/192 (Coll. L. Heuchon) |
Quoique sous contrat avec le "Théâtre royal de Liège", nous retrouvons notre Georges Goda également en mars 1961 sur la scène du "Théâtre royal de La Monnaie". Cette fois, il interprète le personnage de "Le Dancaïre", un contrebandier dans le "Carmen" de Bizet. Cette fois, il est le seul titulaire du rôle. "Carmen" se jouera 7 fois du 3 mars jusqu'au 26 mars 61 inclus.
Le 4 novembre de la même année, "La Monnaie" reprend pour cinq dates "Carmen". Georges Goda garde le même rôle que précédemment. Mais, c'est le chef d'orchestre Edgard Donneux qui officie à la baguette en lieu et place d'Edmond Carrière. La dernière eut lieu le 14 novembre 61.
De 1965 à 1972, nous avons un trou dans la carrière du chanteur seneffois faute de renseignements sur cette période.
Théâtre municipal de Limoges, le 9 décembre 1973. Georges Goda fait partie de la troupe qui propose une comédie musicale en 3 actes "Chanson d'amour" dont la musique est de Franz Schubert.
En date du 1er décembre 1974, Georges Goda se produit sur la scène du "Grand Théâtre Henri Osdoit" de Reims dans l'opéra de Jules Massenet "Manon".
L'année suivante, le 29 mars 1975, nous le retrouvons à nouveau sur la scène du "Grand Théâtre Henri Osdoit" de Reims. Cette fois, Georges Goda fait partie de la distribution de "La Vie parisienne" de Jacques Offenbach.
Nous
le retrouvons à nouveau sur la scène du "Grand Théâtre Henri Osdoit" le
14 décembre 1975 dans "La Vie de bohème" du compositeur italien Giacomo
Puccini
En date du 20 décembre 1975, il est de retour à Limoges sur la scène du "Gand Théâtre Gabriel Couret" dans l'opérette de Francis Lopez "Méditerranée".
Lors de sa carrière, Georges Goda a également participé à des émissions radiophoniques et de télévision.
En 1981, âgé de 70 ans, Georges Goda décide de mettre un terme à sa carrière et de prendre un repos bien mérité.
Précisons encore que Georges Goda figure dans le coffret de neuf disques 33 tours de la Sélection du Reader's Digest "120 mélodies éternelles" édité en 1987. Vous pouvez également le retrouver sur le premier des 2 CD de l'enregistrement de la représentation"La dame blanche" de Boieldieu édité par les Éditions hambourgeoises "Line Music Service" en 2008.
Georges Goda est décédé à Bruxelles le 25 novembre 1989.
N.B. : Il va s'en dire qu'il reste bien des trous à remplir quant à la carrière de Georges Goda présentée ici. Nous laissons cette tâche à d'autres. Car, Georges Goda est un chanteur lyrique seneffois.
Mais, Georges Goda nous a fait l'insigne honneur de naître à Courcelles. A ce titre, Alain et moi ne pouvions ne pas lui rendre hommage.Bio-bibliographie succincte
Fauteuil X
in "La Gazette Provençale",
La Mascotte, 4ème année, n° 683, 19/02/1947, p. 1
Le Tzarewitch, 4ème année, n° 695, 05/03/1947, p. 1
Heuchon, Luc
Documentations diverses
Philippart, Alain
Un entretien avec Georges Goda
in "L’Écho de l'Histoire. Entité de Seneffe",
3ème trimestre 1983, pp. 1-6 : ill.
Simon, Jean
Le théâtre musical carolorégien, ou, Mémoire d'opérette à Charleroi / textes réunis et présentés par Jean Simon
. - Montigny-le-Tilleul : Ed. Scaillet, 2004
. - 480 p. : ill.
. - Georges Goda : pp. 79-80 : photographie, pp. 140, 148
Ressources Internet
http://www.aml-cfwb.be/aspasia/intervenants/56448/Goda_Georges
http://carmen.demunt.be
https://www.geneanet.org
https://www.kbr.be/fr/
Discographie
Marche Baudoin [Enregistrement sonore : Marche ] / J. Steggerda ; C. Alix ; Georges Goda ; avec grand Orchestre et Choeurs s.l.d. Émile Deltour. Ah ! qu'il fait bon : Vivre chez nous (Marche) / J. Steggerda ; J. Loar ; M. Rey ; Georges Goda ; avec grand Orchestre s.l.d. Émile Deltour. - S.l : Decca, s.d. - 1 disque phonographique : 78 t ; 25 cm
Face A. Ramuntcho : chanson . Face B. Quand on a le bonheur sous la main : valse chantée de l'opérette "Cora"Vincent Scotto ; Jean Rodor ; Georges Goda avec Émile Deltour et son orchestre. Quand on a le bonheur sous la main : valse chantée de l'opérette "Cora" / E[mile] Deltour ; R. Lebrun ; Georges Goda avec Émile Deltour et son orchestre
. - [London] : Decca, [s.d.]
. - 1 disque phonographique : 78 t ; 25 cm
Vers l'avenir [Enregistrement sonore] / Gevaert ; chanté par Georges Goda ; avec l'Orchestre de Jazz de l'Oeuvre Élisabeth. Eh! Yep! Nous voilà! : Marche / Candrix ; Deloof ; Étienne ; chanté par Marcel Étienne ; avec l'Orchestre de Jazz de l'Oeuvre Élisabeth. - S.l : s.n, s.d. - 1 disque phonographique : 78 t ; 30 cm
Alain Richir et Luc Heuchon
Contact : alain.luc.richir.heuchon2@gmail.com
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